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Le burn-out et ses différentes déclinaisons

Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ce sentiment de perdre le pied. Il est 2h46 AM et je ne trouve plus le sommeil. Même flatter mon beau minou ou les cheveux humides de mon p’tit dernier ne suffisent pas. L’assiette est pleine. J’en peut plus. Est-ce que c’est ça, le burn-out?

Un burn-out à toutes les sauces

Nous sommes à une époque où le terme burn-out apparait à toutes les sauces :

Le burn-out professionnel.

Le burn-out parental.

Le burn-out-amoureux.

Je ne sais pas pour toi mais de mon côté, j’ai une étrange sensation de déjà vue avec les centaines de déclinaisons de saveurs de crevettes de Bubba dans Forest Gump…

Sans l’eau à la bouche et avec une petite montée de reflux gastrique.

Le burn-out, le vrai (?)

Quoi qu’il advienne, je traite et parle d’épuisement professionnel depuis tellement d’années, je devrais savoir qu’est-ce que c’est?

(Bruits de criquet)

Je me retrouve donc en pleine nuit, seule avec moi-même et un rhume agaçant, à dresser la liste de tout ce qui me stress en les regroupant par sphères de vie. Ma poubelle se remplit de mouchoirs souillés à la même vitesse que ma feuille décline mes différents irritants, comme si mon état émotionnel chancelant coursait contre ce vilain rhume qui me rappelle à quel point mon corps est épuisé et KO devant les différents virus qui courent à l’école de mes deux derniers.

Trouver mes points de repère

Je m’autoadministre alors un ProQOL (affectueusement appelé Professional Quality of life) et relis mes définitions.

  • « Sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail » (OMS)
  • « Processus par lequel un individu s’enlise graduellement dans un état émotif de fatigue et qu’il devient complètement vidé de son énergie » (traduction libre de Espeland, 2006)
  • Habileté réduite à répondre aux demandes et aux besoins
    du milieu
  • Épuisement physique et émotif découlant d’un stress et
    de frustrations au long cours

Je dois me rendre à l’évidence : je me sens épuisée, je n’arrive pas à venir à bout de ma boîte de courriels et je me sens totalement dépassée dans toutes me sphères de vie. Mais chacune de ces définitions n’est pas réellement fidèle à ma réalité.

  • J’ai des résultats concrets au travail.
  • J’ai encore de l’énergie le matin au réveil. Même parfois trop, aux yeux de mon mari.
  • Ouep, mon habileté à répondre aux demandes et besoins de mon milieu est pas mal réduite.
  • Et je suis épuisée et frustrée au long court.

Mon constat est presque triste : je ne suis pas en burn-out. Mais jusqu’où devrai-je me rendre pour ne pas verser dans le côté obscur de l’épuisement?

Le point de bascule n’est jamais bien loin

S’il y a au moins un neurone intelligent qui s’allume dans mon cerveau cette nuit, c’est bien celui qui me relie à ma pratique.

Combien de fois ai-je vu des gens dans mon bureau qui étaient au bout du rouleau et ne savaient même plus comment répondre à leurs besoins de base?

Nous travaillions si fort pour rabouter le peu d’énergie qui leur restait pour sortir de cet état de survie que j’avais parfois l’impression de leur faire violence en leur demandant simplement de manger 2 petits repas par jour. Car la réalité est cruelle mes amis : lorsqu’on est en épuisement professionnel, la moindre petite demande de base demande 100 fois plus d’énergie que lorsqu’on est dans notre état stable et en santé.

À quoi ça peut ressembler tout ça?

Attends, laisse-moi te rafraîchir la mémoire :

  • As-tu déjà tenté de te relever dans ton lit après avoir poussé un gros bébé de 8lbs pendant 3heures?
  • Ou tenté de te pencher pour enlever tes chaussures après une longue course à pied?
  • Ou attaqué tes courriels après un retour de maladie, un peu trop rapide selon ton médecin?

Ça peut donc ressembler un peu à tout ça. Mais ça n’arrive pas du jour au lendemain.

Un processus bien avant un jour précis

Il y a un processus, un chemin plus ou moins long pour se rendre à cet état. Et c’est justement dans cette pente descendante que nous tous devons voir les signaux d’alarme se poindre. Pour s’y retrouver, une des clés est donc de ralentir l’avancée pour analyser d’où provient la perte d’énergie. Et c’est rarement un élément en particulier qui est problématique, mais plus souvent un ensemble.

Non, pas de recette ici!

Tu comprendras donc que je ne vais pas te décliner toutes les pistes de solution contre l’épuisement professionnel dans ce texte de blogue. Ce serait de la poudre aux yeux.

Ce que je veux t’inviter toutefois, est de te rappeler l’importance de ralentir. Plus vite tu iras, plus fort sera l’impact.

Et c’est aussi ce que je me souhaite : une chute en douceur, bien entourée de gens que j’aime.

Et qui sait? Cette chute sera peut-être même assez confortable pour que je puisse l’accueillir en douceur. Un peu comme on dirige notre parachute lorsqu’on veut atterrir d’une longue descente. Il y a  même des gens qui deviennent bons dans cette manœuvre, alors pourquoi ne pas l’essayer?!

Une vie professionnelle, c’est plusieurs décennies de hauts et de bas. Apprendre à en accueillir ses différents états et déclinaisons, c’est peut-être aussi ça, la voie du bien-être.